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Édito
Clinique contemporaine
Adriana Campos
Nous étions prévenus : le capitalisme et la science changeraient radicalement la subjectivité, anticipait Lacan. Et pourtant, ne sommes-nous pas tout de même étonnés ?
Aurions-nous pu imaginer qu’un jour un patient affirmerait préférer s’adresser à ChatGPT, toujours à sa disposition, plutôt qu’à un « psy » ? Ou anticiper à quel point l’Autre, d’autant plus qu’il est incarné, allait être destitué de toute supposition de savoir ? Était-il pensable que les patients exigeraient, revendiqueraient même, comme un droit, qu’on leur assigne une étiquette diagnostique ? Et que ce serait à partir de cette étiquette que certains ferait lien social ? Aurions-nous pu prévoir qu’une telle culture de l’image allait se déployer à travers les réseaux sociaux ?
Incontestablement, la subjectivité contemporaine a changé et, avec elle, notre clinique. Il nous revient de saisir ces changements, de les interpréter. Pour ce faire, une mise à jour de nos outils conceptuels s’impose. Mais surtout, il est crucial de pouvoir rendre compte du changement radical du dispositif lui-même que cette transformation de la subjectivité entraine. Et encore, de pouvoir attraper pour mieux subvertir la manière dont les sujets que nous accueillons sont, comme jamais auparavant, effet des discours psys et neuro-psys que leur propose la science.
Le présent numéro de L’Hebdo-Blog se fait l’écho de l’élaboration qui se mène déjà en ce sens, dans l’ACF et L’Envers de Paris. Quentin Meynaud, parlant des résonnances marseillaises du livre de Jean-Pierre Deffieux, avance, entre autres pistes, la discrète place de la paranoïa dans les bouleversements du monde contemporain. Anaïs Adam, s’intéressant aux diagnostics administrés aujourd’hui aux enfants sans même les rencontrer, met l’accent sur la forclusion qui y est faite de leur parole. Enfin, Stéphanie Lavigne, en nous plongeant dans un film qui lit bien la fascination contemporaine pour l’image de soi – The Substance –, nous invite à découvrir l’horreur « qui se cache derrière le beau ».
Bonne lecture !
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Jacques Lacan
« La clinique psychanalytique, c’est le re?el en tant qu’il est l’impossible a? supporter. L’inconscient en est a? la fois la voie et la trace par le savoir qu’il constitue : en se faisant un devoir de re?pudier tout ce qu’implique l’ide?e de connaissance. »
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Lacan J., « Ouverture de la section clinique », Ornicar ?, n°9, avril 1977, p. 11.
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Le diagnostic de l’enfant, génitif subjectif
Anaïs Adam
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À suivre Lacan, le diagnostic de l’enfant peut s’entendre de façon équivoque.
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Du présent
Quentin Meynaud
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Parmi les grandes tendances actuelles que repère la psychanalyse, la chute de l’Autre enseigne quant à la précarité symbolique dans laquelle est laissé le sujet contemporain.
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Qu’il serait beau d’être plus jeune !
Stéphanie Lavigne
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Avec The Substance, C. Fargeat fait sauter la barrière de ce qui se cache derrière le beau.
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L’artiste : Claire Lance
Claire Lance, artiste, photographe, réalisatrice et cheffe opératrice cinéma, vit et travaille à Marseille, France et Göteborg, Suède. Claire Lance est une artiste dont la recherche s’articule autour de l’exposition des chimères utilisant des médiums comme la vidéo, l’installation, et la photographie. Son travail met en évidence notre acte de regarder : « Dans la série The Shelter, je m’attache à enregistrer des explorations visuelles quotidiennes par un minutieux travail de collection d’anomalies : impressions de déjà-vu, pareïdolies, erreurs d’appréciation, paradoxes visuels, illusions vécues, que j’enregistre in situ via la photographie. Travailler avec ce médium ainsi que la vidéo dans A Shelter Perspective est dans ma recherche un mouvement d’ancrage des illusions dans la matière, la cristallisation d’une expérience de doute de la vue, que je retranscris à travers le travail physique de l’objet-œuvre afin de transmettre des impressions vivantes ténues, difficilement exprimables par d’autres médiums que le photographique au sens large. » |
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