Soirée #4 : Psychanalyse et religion, rien en commun ?

Religion, Psychanalyse : rien en commun ?

Freud dans sa lettre au pasteur Oskar Pfister déclare à propos de la psychanalyse : « J’aimerais la confier à une corporation […] laïque de ministres des âmes qui n’auraient pas besoin d’être médecins et n’auraient pas le droit d’être prêtres [1] ». Il espère ainsi placer la psychanalyse hors du champ médical et religieux. Pour autant Jacques-Alain Miller épingle combien encore aujourd’hui la psychanalyse : « On la coince entre thérapie et religion [2] ».

Freud s’intéressera à la religion à partir de ce qu’elle instaure un renoncement à la jouissance pour tous et prédit ainsi que la psychanalyse pourra sortir l’être humain de cette illusion infantilisante. L’avenir le contredira, un glissement s’opère de cette fonction de la religion pour tous, dans la mesure où l’interdit perd de sa prestance, vers l’expérience vécue : un « SKESAMFÉ [3] ». La psychanalyse n’étant pas étrangère à cette dimension de l’expérience subjective.

Ainsi, malgré le vœu de Freud, la psychanalyse n’est pas sans point commun avec la religion. Il y a dans la psychanalyse une foi dans le langage, dans le Dieu du signifiant [4]. Lacan le formule ainsi : « Dieu, c’est le sujet-supposé-savoir, un point c’est tout [5] », soit ce qui répond à la passion pour le sens, propre à l’être humain. La psychanalyse se rangerait-elle alors à n’être qu’une discipline du sens, au même titre que la religion ? Lacan soutient que non et démontre que l’analyste est plutôt celui qui ouvre la voie vers la pulsion et de là vers l’inconsistance de l’Autre. Il précisera ainsi dans son Séminaire 15, L’Acte psychanalytique, que l’analyste doit savoir « que tout ce dont il s’agit dans la psychanalyse, de par l’existence de l’inconscient, consiste justement à rayer de la carte la fonction du sujet supposé savoir [6] ».

Ainsi, qu’est-ce qui « reste de religion dans la psychanalyse [7] » ? C’est ce que nous vous proposons de découvrir lors de cette dernière soirée d’étude sur le thème de « Dieu est inconscient ».