Première soirée du pôle de Rennes de l’ACF en VLB sur le thème de l’année « Ce qui traumatise… »
Soirée organisée par un cartel constitué de : Rodrigue Berhault, Natacha Delaunay, Sophie Lemoine, Lisa Toullec. Pus-un : Caroline Leduc, psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP.
À l’ère du buzz généralisé, comment distinguer ce qui fait authentiquement évènement ? Quelle place est accordée au traumatisme dans notre civilisation ? Quelle place est faite au sujet traumatisé et à sa parole lorsque l’évènement traumatique devient l’élément central ?
À la différence du fait, l’évènement fait date.
Dans le cours d’une existence, les évènements scandent la vie du sujet, les heureux évènements, les belles rencontres, à l’occasion, amoureuses donnant sa saveur à la vie. Mais la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Des accidents majeurs et hasards malheureux font effraction dans la trame du quotidien. Inattendue, l’irruption traumatique brise le fil de la continuité et produit une rupture profonde. C’est alors la tuché, le réel, la mauvaise rencontre hors sens, inassimilable : « l’événement traumatique, c’est ça : un événement qui ne parvient pas à s’insérer dans la chaîne signifiante brisée [1]. »
Qu’un évènement tragique puisse avoir des répercussions psychiques traumatisantes semble relever aujourd’hui de l’évidence. Du discours courant à son actuelle définition médicale [2], l’idée dominante est que toute exposition à une catastrophe est, nécessairement et pour tous, traumatique. Faire d’un évènement par principe une cause déterminante semble à rebours de la découverte freudienne. Pour Freud, l’évènement traumatique ne se mesure que dans l’après-coup, dans ses suites et conséquences subjectives.
Pour la psychanalyse, l’évènement traumatique comporte une part d’accidentel, mais engage également la subjectivité. Le sujet y est toujours concerné. À ce titre, l’évènement traumatique est un évènement unique au sens où il concerne un sujet dans sa singularité. Aussi si « le traumatisme peut se présenter comme une expérience collective, […] son inscription sur la chair de chacun se fera toujours au singulier [3]. » Pour Guy Briole, « le traumatisme, cela s’écoute comme cela se conçoit [4]. »
Dès lors, comment rendre compte, plus d’un siècle après l’abandon par Freud de sa neurotica, de cette tendance renouvelée à faire d’un évènement par principe une cause déterminante ? A contrario, que nous enseignent les sujets pour lesquels rien ne semble dans leur vie faire évènement ? Enfin, dans quelle mesure le traumatisme psychique peut-il être considéré comme le produit d’une histoire sociale et politique ?
[1] Chiriaco S., « De l’indicible », L’Hebdo-Blog, 9 février 2019.
[2] DSM V, Livre de l’Association Américaine de Psychiatrie, mai 2013.
[3] Leguil C., « Du « nous » au « je » : le symptôme et l’identité en psychanalyse », Journée d’études : Identité et trauma, Département de psychanalyse – Université Paris 8, 9 janvier 2017.
[3] Briole G., « Après l’horreur, le traumatisme », Quarto, n°84, p. 17.
Informations
Local de l’ACF-UFORCA
11-13 Cours J.-F. Kennedy, Rennes
Entrée gratuite en présence
3€ en visioconférence : https://my.weezevent.com/ce-qui-traumatise-soiree-1-ce-qui-fait-evenement