LIRE LACAN 2024-2025

La carence du père

Cette huitième soirée sera consacrée à la lecture du chapitre XXI, « Les culottes de la mère et la carence paternelle » (p. 353-370) du Séminaire, livre IV de J. Lacan, La Relation d’objet, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1994.

Les culottes de la mère ont deux statuts. Il y a les culottes de la mère toutes seules qui provoquent chez Hans le dégoût et les culottes portées par la mère qui tout comme le lumf – signifiant employé par Hans pour exprimer les excréments – jouent le rôle de voile. Il faut placer un voile devant l’inexistence de ce qu’il y a à voir. Derrière la culotte portée par la mère, derrière le lumf se cache le fantasme de la mère phallique.
L’expérience analytique a découvert l’Œdipe « en tant qu’intégration à la fonction virile »[2]. Il s’agit d’une structure non pas à trois mais à quatre éléments : la mère, le père, l’enfant et le phallus. Pour que l’Œdipe fonctionne dans des conditions normales, il faut que du côté du père, son pénis, le vrai dit Lacan fonctionne et du côté de l’enfant il faut que le pénis, comparé à celui du père « en rejoigne la fonction, la réalité, la dignité »[3]. Pour cela, l’enfant doit en passer par le complexe de castration. L’angoisse apparaît du fait que Hans doit supporter son pénis réel, car celui-ci n’est pas menacé. Il y a carence du père imaginaire qui s’obstine à ne pas vouloir le castrer. C’est la clé de l’observation, précise Lacan. Hans trouve une suppléance qui, chez le serrurier, dévisse et qui perce chez l’installateur. La petite sœur Anna arrive dans la famille. Hans fera passer Anna, élément réel de sa vie dans le registre imaginaire. L’image d’Anna devient « son moi supérieur »[4].

Françoise Pilet

[1] Freud S., « Analyse d’une phobie chez un petit garçon de 5 ans (Le petit Hans) », Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 2003, p. 93-198.
[2] Lacan J., Le Séminaire, livre IV, La Relation d’objet, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1994, p. 364.
[3] Ibid.
[4] Ibid., p. 369.