Sur la distinction entre imaginaire et symbolique
Lacan tient son séminaire sur les psychoses en 1955-1956. [1] La pratique analytique dominante à cette époque est l’ego psychologie. L’accent est mis sur la relation imaginaire et l’analyse des résistances.
Pour les praticiens de l’ego psychologie, tout passe par le moi. La régression du moi est pour eux la seule voie d’accès à l’inconscient. À cette époque, la pratique analytique va dans le sens d’une communication entre névrose et psychose, entre préconscient et inconscient. C’est une grossière erreur, contraire à la voie ouverte par Freud qui insiste sur la différence radicale de l’inconscient et du préconscient.
Ce qui constitue le champ analytique, écrit Lacan, est identique à ce qui constitue le phénomène analytique, à savoir le symptôme et aussi les lapsus, les troubles de la mémoire, les rêves, le mot d’esprit qui « permet de toucher du doigt la cohérence parfaite qu’avait dans l’œuvre de Freud la relation du phénomène analytique au langage ». [2]
Répétons et insistons, c’est avec l’outil conceptuel élaboré par Lacan, à savoir la distinction des trois registres, symbolique, imaginaire et réel, que nous pouvons nous orienter dans la clinique.
Nous travaillerons le chapitre XII « La question hystérique » du Séminaire III Les Psychoses.
À partir d’une observation clinique rapportée par le psychologue hongrois Joseph Eisler en 1921, Lacan distingue les faits cliniques qui appartiennent au registre de l’imaginaire et ceux qui appartiennent au registre du symbolique.
Chez le patient les éléments imaginaires sont pris dans les questions qu’il pose : Que suis-je ? ou Suis-je ? et Qui suis-je ? Un homme ou une femme ? et Suis-je capable d’engendrer ?
« Ce dont il s’agit chez notre sujet, c’est de la question Que suis-je ? ou Suis-je ?, c’est d’une relation d’être, c’est d’un signifiant fondamental. C’est pour autant que cette question a été réveillée en tant que symbolique, et non réactivée comme imaginaire, que s’est déclenchée la décompensation de sa névrose, et que se sont organisés ses symptômes. » [3]
Les questions que pose le sujet à travers ses symptômes font écho à la question que pose Dora, notamment à travers les deux rêves [4] qu’elle apporte à Freud : Qu’est-ce qu’être une femme ?
Françoise Pilet
[1] Lacan J., Le Séminaire, livre III, Les Psychoses, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1981, p. 181-193.
[2] Ibid., p. 185.
[3] Ibid., p. 191.
[4] Freud S., « Fragment d’une analyse d’hystérie : Dora », Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 2003, p.46 et p. 69.
Des cartellisants exposeront leur travail, produit de cartel.
Karine Soubaigné parlera du sujet de l’inconscient.
Dominique Rayneau nous introduira à la distinction entre imaginaire et symbolique dans un cas d’hystérie masculine.
Françoise Pilet examinera les registres de l’imaginaire et du symbolique.
Les interventions seront accompagnées de lectures de passages du chapitre XII « La question hystérique » du Séminaire III Les Psychoses et des deux rêves de Dora.
Informations
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