Rêve ou folie ?

Conférence de Solenne Albert, psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP

« Comment faire pour enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? Voilà ce dans quoi Freud a cheminé. Il a considéré que rien n’est que rêve, et que tout le monde (si l’on peut dire une pareille expression), tout le monde est fou c’est-à-dire délirant. C’est bien ce qui se démontre au premier pas vers l’enseignement. »[1]

L’aphorisme de Lacan : « Tout le monde est fou » sera le thème du prochain congrès de  l’Association Mondiale de Psychanalyse (AMP) qui se déroulera par zoom, du 22 au 25 février 2024.[2]

A quoi renvoi cet aphorisme ? Quelle voie nouvelle nous permet-il de frayer dans l’abord de la clinique ? Et si « rien n’est que rêve », qu’est-ce qui distingue le rêve de la folie ? Sommes-nous tous fous ?

Si, comme l’indique Freud : « nous avons depuis longtemps remarqué que toute névrose a pour conséquence, et donc vraisemblablement pour fin, d’expulser le malade hors de la vie réelle, de le rendre étranger à la réalité. »[3] – Qu’est-ce qui distingue la création de fantasme de la folie ?[4] Ne peut-on attendre d’une analyse – c’est-à-dire du déchiffrage de son inconscient – un rapport plus juste au réel ? L’analyse fait elle de nous des êtres plus « réveillés » ?

Nous tenterons de nous frayer une voie dans l’abord de ces questions, en prenant appui sur ce que nous enseigne la clinique.

[1] J. Lacan, « Lacan pour Vincennes », Ornicar n°17/18, 1979, p.278

[2] Jacques-Alain Miller, « Tout le monde est fou » AMP 2024, La Cause du désir n°112, p.48

[3] S. Freud, Formulations sur les deux principes du cours des évènements psychiques (1911), in Résultats, idées, problèmes tome 1, PUF

[4] S. Freud, « Relations entre rêves et maladies mentales », in L’interprétation du rêve, Seuil, 2010, p.126-127