Soirée vers le congrès de l’AMP « Tout le monde est fou »

Tout le monde est fou est un aphorisme de Lacan [1] que Jacques-Alain Miller a épinglé et c’est le titre donné au congrès de l’Association mondiale de psychanalyse qui aura lieu en février 2024.

Tout le monde est fou, c’est-à-dire tout le monde délire parce que nous, les hommes, nous parlons.

Tout le monde est fou va de pair avec la dépathologisation. Il n’y aura plus de pathologie, indique Jacques-Alain Miller, mais des styles de vie librement choisis, réclamés par des sujets de droit. [2]

Il nous revient donc de remettre notre clinique au pas de cette nouvelle ère « sans nostalgie, sans amertume, sans revanche » [3] , précise Jacques-Alain Miller. C’est là, à l’ère de la dépathologisation, qu’il devient intéressant de faire de la clinique.

« J’appelle clinique universelle du délire, celle qui prend son point de départ de ceci, que tous nos discours ne sont que défenses contre le réel. » [4]

Qu’est ce que le réel quand il est question de l’homme et comment l’appréhender ?

Le réel, le symbolique et l’imaginaire sont les trois registres que Lacan a distingués pour appréhender la réalité humaine et pour s’orienter dans la clinique. Il en a fait un outil conceptuel dont il s’est servi durant tout son enseignement.

Au tout début de son enseignement, Lacan nous montre l’importance de l’imaginaire dans la constitution du sujet, puis à partir de 1953 c’est par la primauté du symbolique sur l’imaginaire qu’il rend compte de l’expérience humaine. La fin de son enseignement est marquée par l’équivalence de ces trois registres dans la constitution du sujet qu’il baptisera alors parlêtre pour introduire le corps. S’ouvre alors un nouveau paradigme, celui des nœuds, les nœuds de l’imaginaire, du symbolique, du réel qui sont noués ensemble. Ce nouage est singulier pour chaque Un et signe son symptôme.

Anne Colombel-Plouzennec viendra converser avec nous et nous montrera, en s’appuyant sur son livre Lacan et les nœuds [5] , la pertinence du maniement des nœuds pour saisir l’expérience humaine et le réel de chaque Un. Elle nous montrera par des exemples cliniques le formidable apport de la théorie des nœuds pour aborder la clinique des névroses et des psychoses, clinique dite borroméenne en référence au nœud borroméen.

[1] Lacan J., « Lacan pour Vincennes ! », Ornicar ?, n° 17/18, printemps 1979, p. 278.

[2] Cf. Miller J.A., « Tout le monde est fou », AMP 2024, La Cause du désir, n° 112, novembre 2022, p. 48-57.

[3] Ibid., p. 49.

[4] Miller J.A., « Clinique ironique », La Cause freudienne n° 23, février 1993, p.7.

[5] Cf. Colombel-Plouzennec A., Lacan et les nœuds, corps vivant, corps jouissant, corps parlant, Saint Denis, Presses universitaires de Vincennes (PUV), 2023.